Trois août 1914
Déclaration de guerre entre la France et l'Allemagne. La stratégie du Grand Quartier Général repose sur "l'attaque à outrance" contre un ennemi solidement retranché sur les frontières de l'Alsace et de la Lorraine depuis 1870.
Vingt août 1914
La retraite est générale sur tous les fronts. Les pertes sont énormes. L'échec de cette stratégie est total. L'Etat Major cherche alors un bouc émissaire.
Vingt-quatre août 1914
Paraît dans le journal Le Matin un article signé Auguste Gervais vraisemblablement rédigé par le Ministre de la Guerre :
« ... Un incident regrettable s'est produit. Une division du XVème Corps composée de contingents d'Antibes, de Toulon, de Marseille, d'Aix et de Nîmes, a lâché pied devant l'ennemi. Les conséquences en ont été celles que les communiqués officiels ont fait connaître. Toute l'avance que nous avions prise au-delà de la Seille sur la ligne Alaincourt-Delme et Château-Salins, a été perdue. Tout le fruit d'une bataille-combinaison stratégique longuement préparée a été momentanément compromis, malgré les efforts des autres corps qui participaient à l'opération et dont la tenue a été irréprochable. La défaillance d'une partie du XVème Corps a entraîné la retraite sur toute la ligne. Le ministre de la Guerre, avec sa décision coutumière, a prescrit les mesures de répression immédiates et impitoyables qui s'imposaient... A l'aveu public de l'impardonnable faiblesse des troupes de l'aimable Provence surprises par les effets terrifiants de la bataille et prises d'un subit affolement, s'ajoutera la rigueur des châtiments militaires … ».
L'affaire du XVème Corps était née. A l'humiliation de toute une population allaient s'ajouter exécutions pour l'exemple, rejet des soldats provençaux, refus de soigner les blessés et lourdes brimades. La réhabilitation du XVème Corps et l'amende honorable qui suivirent n'effacèrent pas les effets d'un racisme anti-méridional ambiant.
Boulevards, places, avenues perpétuent dans plusieurs villes du Midi la mémoire de ce Quinzième Corps d'Armée accusé de lâcheté au début de la guerre pour la seule raison qu'il était composé de provençaux et de corses.Un formidable effet de stupeur avait alors saisi la Provence partagée entre la douleur et l'indignation. Malgré la réhabilitation officielle du Soldat Odde, fusillé pour l'exemple, la plaie demeurera longtemps ouverte.